Je vous remercie pour vos gentils encouragements et je reçois avec plaisir le bisou de JohnSteed
Mon travail touche à sa fin... mais je voudrais finir en beauté!!!
Good as I been to you: 1992 Une période creuse pour Mr. Dylan, tellement déçu de l'échec de
Under the Red Sky qu'il ne va pas sortir de disques de ses propres chansons jusqu'en 1997. En 1992, il sort ce disque de chansons traditionnelles, il est seul, sa guitare acoustique et son harmonica, il chante avec une voix excessivement nasillarde. Le disque est enregistré dans son home studio en Californie. On dirait un come-back du Dylan des années 1960, sauf que le style n'est vraiment pas le même, sa voix et son jeu ont changé ces 30 dernières années... Certaines des chansons qu'il a choisi de chanter sur ce disque sont vraiment superbes, comme la ballade
Frankie and Albert (je vous livre la totalité du texte, j'espère que certains prendront le temps de le lire car il est absolument superbe):
1. Frankie was a good girl.
Everybody knows.
For Albert's new suite of clothes.
He was her man but he done her wrong.
2. Albert said, "I'm leaving you.
Won't be gone for long.
Don't wait for me.
A-worry about me when I'm gone."
He was her man but he done her wrong.
3. Frankie went down to the corner saloon.
Get a bucket of beer.
Said to the bartender.
"Has my lovin' man been here?"
He was her man but he done her wrong.
Instrumental
4. "Well, I ain't gonna tell you no stories.
I ain't gonna tell you no lies.
I saw Albert an hour ago.
With a gal named Alice Bly."
He was her man but he done her wrong.
5. Frankie went down to 12th Street.
Lookin' up through the window high.
She saw her Albert there.
Lovein' up Alice Bly.
He was her man but he done her wrong.
Instrumental
6. Frankie pulled out a pistol.
Pulled out a forty-four.
Gun went off a rootie-toot-toot
And Albert fell on the floor.
He was her man but he done her wrong.
7. Frankie got down upon her knees.
Took Albert into her lap.
Started to hug and kiss him.
But there was no bringin' him back.
He was her man but he done her wrong.
Instrumental
8. "Gimme a thousand policemen.
Throw me into a cell.
I shot my Albert dead.
And now I'm goin' to hell.
He was her man but he done me wrong."
9. Judge said to the jury.
"Plain as a thing can be.
A woman shot her lover down.
Murder in the second degree."
He was her man but he done her wrong.
Instrumental
10. Frankie went to the scaffold.
Calm as a girl could be.
Turned her eyes up towards the heavens.
Said, "Nearer, my God, to Thee."
He was her man but he done her wrong.Il faut savoir que ces chansons existent en nombreuses versions, avec des variations dans les textes, et l'interprétation "musicale" est très libre, alors l'interprétation de Dylan est très personnelle. J'ai découvert ce disque avant de découvrir la musique traditionnelle anglo-saxonne alors je reste très attachée à certaines de ces chansons, mais maintenant que je connais beaucoup mieux la musique traditionnelle, j'admets qu'il massacre quand même certaines chansons! Dylan semble s'être adouci avec l'âge, il met de plus en plus de sentiments dans ce qu'il exprime, il est moins cynique et acide. Sa voix mi-cassée mi-nasillarde est très touchante (sur
Hard times par exemple). Ces chansons, il les connaît depuis son enfance, et je pense que le fait de se les approprier lui tenait à coeur. Ce disque est vraiment beau! Ma chanson préférée est
Blackjack Davey, autrement connue sous le nom:
Raggle Taggle Gypsies. La chanson raconte l'histoire d'un jeune vagabond qui séduit une jeune fille mariée et l'emmène avec lui à travers le monde. Puis lorsque son mari la retrouve elle refuse de retourner à sa vie confortable et renie son mari et son enfant nouveau-né car elle jure n'aimer que Blackjack Davey... Les textes de chansons traditionnelles sont rarement gais, sauf quand il s'agit de chansons à boire. Bref, je suis très attachée à ce disque, mais je peux concevoir que certains en soient déçus, tellement il ne concorde pas avec l'idée qu'on se fait de Dylan!
World gone wrong 1993 Continuation du disque précédent, ce disque est composé entièrement de chansons traditionnelles, accompagnées de guitare acoustique et d'harmonica, enregistrées chez lui. Je le trouve légèrement en dessous du disque précédent, les chansons me touchent moins, mais n'en sont pas moins superbes! Des chansons sur les bagnards, les joueurs, les meurtriers, les vagabonds... des chansons représentant la désolation de l'Amérique profonde. Certaines me rappellent des textes de Faulkner de par leur contenu, ces gens paumés, perdus, qui ont les pires vies imaginables mais vivent dans l'espoir d'un changement, qui ne survient pas (ou rarement). Mes chansons préférées sont donc
Blood in my eyes,
Delia et
Stack-a-Lee, pour illustrer les personnages dont je parle regarder les textes des deux dernières citées:
Delia:
Delia was a gambling girl, gambled all around,
Delia was a gambling girl, she laid her money down.
All the friends I ever had are gone.
Delia's dear ol' mother took a trip out West,
When she returned, little Delia gone to rest.
All the friends I ever had are gone.
Stack-a-Lee:
Hawlin Alley on a dark and drizzly night,
Billy Lyons and Stack-A-Lee had one terrible fight.
All about that John B. Stetson hat.
Stack-A-Lee walked to the bar-room, and he called for a glass of beer,
Turned around to Billy Lyons, said, "What are you doin' here?"
"Waitin' for a train, please bring my woman home.
"Stack-A-Lee, oh Stack-A-Lee. please don't take my life.
Got three little children and a-weepin', lovin' wife.
You're a bad man, bad man, Stack-A-Lee."La façon de chanter de Dylan, voix cassée à tendance nasillarde, ajoute au côté désespéré de ces chansons! Malheureusement, ces deux disques se sont très très mal vendus, on a considéré (à tort) qu'ils étaient les derniers sursauts d'un artiste en déclin, incapable d'écrire ses propres textes, mais qui essaie encore de prouver qu'il existe. Je trouve vraiment, vraiment dommage de passer à côté de ces disques très personnels. Dylan a dit, en parlant des chansons qu'il chante dessus: "the music that's true for me", ces chansons il a commencé à les chanter dans les années 1950 et la maturité en plus, ces deux disques en valent vraiment la peine!